Jérémy Croizon

J’attendais ce rallye avec impatience notamment parce que c’était notre première course à deux dans le véhicule avec du co-pilotage. Ce qui était nouveau aussi c’était la carte de pointage à heure fixe à la sortie du parc d’assistance, au départ des spéciales, à l’arrivée des spéciales et à l’entrée du parc d’assistance. 1 minutes de retard ou d’avance nous donnait des pénalités de temps.

Nous avons commencé notre week-end avec la préparation du road-book. Nous nous sommes enfermés papa, Grégory et moi dans la chambre d’hôtel pendant plus d’1h30 pour écouter les conseils de papa et apprendre à lire les notes de ce fameux cahier qui nous était jusqu’alors inconnu. Virages, épingles, équerres, bosses, dangers 1, dangers 2, dangers 3, compressions…tout ces termes techniques, qui peuvent paraitre anodins, sont en faites des informations indispensables pour réussir un rallye et surtout le finir ! Le mauvais exemple serait d’arriver lancer à 130km/h sur un danger 3…on partirait alors pour une série de tonneaux et sans doute un accident grave.

L’objectif du week-end : ramener notre buggy en bon état après chaque spéciale et finir le rallye sans objectif de classement ou de temps !

On avait convenu que je conduirais le matin et Grégory l’après-midi. On est donc parti du parc fermé de Soissons pour rejoindre le parc d’assistance des spéciales du samedi… première erreur de lecture des notes : on s’est perdu et on est arrivée avec 3 minutes de retard à l’entrée du parc. Pas de quoi nous décourager !

On enchaine les spéciales et nous faisons quelques erreurs de lecture la première journée. Elles sont dues à notre mauvais calcul des distances entre chaque indication et pour Grégory quelques erreurs sur les directions.

En effet, j’ai découvert pendant ce rallye qu’Il confond sa droite et sa gauche. On cherche des solutions en même temps que l’on pilote et on trouve petit à petit notre rythme avec Grégory. On se sent de mieux en mieux et on fait moins d’erreurs. Avant la dernière spéciale du samedi, on est virtuellement sur le podium de notre catégorie ! Notre stratégie paie ! On ne prend aucun risque avec le véhicule quand les autres cassent… Malheureusement, notre embrayage va nous laisser tomber dans la dernière spéciale.

A chaque difficulté, on pense à nos partenaires et aux personnes qui nous soutiennent et on se dit : « allez, il faut continuer à avancer, ils ont confiance en nous ». Après une réparation express de Freddy et de son équipe, on est tous soulagé de pouvoir repartir le dimanche matin. On a bon espoir de finir ce rallye de Soissons !

La pluie est tombée dans la nuit et les chemins se retrouvent inondés et remplis de boue. Le pilotage est compliqué pour moi le dimanche matin. Je dois réussir à dompter les 220 chevaux de notre formidable machine dans des chemins plus étroits que la voiture au milieu des bois. C’était très stressant et excessivement éprouvant pour moi. Et pourtant, je sais que ce n’était rien comparé à ce qui nous attend au Dakar en janvier !

La journée de dimanche se passe bien et on ne fait pas ou peu d’erreurs de copilotage. On en profite pour continuer de perfectionner notre entente dans l’habitacle. Avec Grégory, on se donne des conseils, je lui dis comment j’aimerais qu’il m’annonce les notes, il en fait de même et on progresse à chaque spéciale. L’expérience des autres équipes nous aident aussi. On s’inspire aussi de certaines techniques que l’on récupère en discutant avec d’autres concurrents. Ils sont d’ailleurs détendus par rapport à la veille… et oui, maintenant ils savent que l’on ne peut plus monter sur le podium.